GROUPE I/25 TUNISIE. SQUADRON 347, RECIT DU COMMANDANT HOQUETIS
GROUPE 1/25 TUNISIE
SQUADRON 347
Le Groupe de Bombardement I/25, créée le Ier janvier 1936 a son origine dans l'Escadrille B.101 qui, basée à DUNKERQUE au début de 1917, s'est distinguée par ses destructions de sous-marins. Les brillants résultats lui valurent alors deux citations à l'ordre de l'Armée.
En 1939, le Groupe basé en TUNISIE, est doté de 15 Bloch 200 avec lesquels il exécute des missions de surveillance en mer et des protections de convois. En juin 1940, la deuxième Escadrille se transforme sur Leo 45 et réussit à bombarder l'Italie.
Le 8 novembre 1942, le Groupe s'évade de TUNISIE pour reprendre la lutte, et ses 108 tonnes de bombes s'ajoutent à l'effort allié dans la reconquête de ce territoire. Son action malgré des difficultés sans nombre lui vaut une nouvelle citation à l'Ordre de l'Armée.
En juillet 1943, il est décidé de créer deux Groupes de quadrimoteurs, et le Groupe 1/25 est choisi pour devenir le Groupe de Bombardement Lourd "TUNISIE".
Dés que la nouvelle de l'engagement sur quadrimoteurs du Groupe 1/25, bien connu par son ambiance et son dynamisme, eut parcouru l'A.F.N., les plus grands noms de l'Aviation Française s'empressent de poser leur candidature: les DELAUNAY, PERSON, OSTRE, PETUS... Des pilotes ayant 1.000 heures de vol s'inscrivent pour être bombardiers ou navigateurs, tant est grand leur désir de "servir" et cet ensemble magnifique, sous les ordres du Colonel VIGOUROUX, commence un long entraînement de six mois dans les Ecoles Anglaises, avant de devenir le 347 Squadron de la Royale Air Force.
Créé officiellement le 20 juin 1944, le 347 Squadron effectue ses premières missions sur les rampes de lancement de "V-1" et intervient dans la bataille de Normandie avant de se consacrer à la bataille stratégique qui va anéantir les villes de la Ruhr, les ports de la Baltique et les cités industrielles de la Saxe.
Les missions se succèdent de nuit et de jour, et nos Lourds HALIFAX ajoutent chaque fois leurs six tonnes de bombes dans la bataille.
6.160 heures de vol
4.500 tonnes de bombes
représentent le labeur acharné des équipages dont l'action a toujours été si généreusement aidée par l'admirable courage des mécaniciens des armuriers... des cuisiniers aussi, et de tous ceux qui, toujours voulurent que le nombre des avions à prendre l'air atteigne un niveau qu'il semblait impossible de maintenir.
Chargement des bombes en hiver:
Les conditions climatiques de l'hiver 44-45 furent souvent très rigoureuses. Elles n'empêchèrent pourtant jamais l'arrêt des opérations au sol et des vols.
Et dans l'ambiance ardente de ces équipages si calmement décidés et sûrs; les mois passaient, apportant leur moisson de gloire (une nouvelle citation à l'Ordre de l'Armée) des succès et des deuils.
Capitaine BRACHET.
BRACHET mourait héroiquement ayant assisté son pilote jusqu'à la dernière seconde.
Equipage du Capitaine BRACHET
Pilote: S/Lt GEORGEON. Navigateur: Lt BRACHET. (Cdt de l'avion) Bombardier: Lt HABEZ. Radio: Sgt RIGADE. Mécanicien: Adjt HUMBERT. Mitrailleur-supérieur: Sgt/C MEMIN. Mitrailleur-arrière: Sgt/C MALTERRE.
Le ROY, le jour de noêl, avec toute la souriante élégance de ses 24 ans, s'abattait en flammes à DUSSELDORF pour avoir attaqué ESSEN avec un moteur qui était en feu longtemps avant l'objectif.
OSTRE percutait au retour de sa 38éme mission. HAUTECOEUR sombrait sur WANGUEROOGE à la dernière mission du Squadron.
Et tant d'autres....
Puis nos prisonniers sont revenus, quelques uns, échappés vers les Russes ou cachés en Hollande, la plupart ayant subi la triste vie des Oflags et des Stalags, pourtant si belle par le dévouement généreux qu'ils leur ont consacré.
(exemple: l'incroyable évasion de KANNENGIESSER).
Quelques uns s'attardaient en liaison avec les Russes pour parachever leur oeuvre. Tous sont revenu respirer cet air d'ardente communion que nous avons tant aimé à l'époque de nos missions.
Puis beaucoup sont repartis pour la France laissant la place aux jeunes qui arrivent nombreux pour assurer le remplacement de leurs aînés. Et l'ambiance a changé, le but n'est plus le même car la mission " cette adorable et hideuse chose" également n'est plus la même.
Notre retour en France est à l'horizon et nous le regardons venir avec envie, désir, et un peu le regret de perdre ce que nous avons vécu et qui nous appartient si totalement; l'ambiance des missions. Cela nous ne pouvons le revivre qu'avec ceux qui partagèrent et nos joies et nos peines.
COMMANDANT HOQUETIS
Le Commandant HOQUETIS d'abord adjoint au Lt-Colonel VIGOUROUX et chef de la section de Navigation et qui commande maintenant le Groupe 1/25.
(source: BULLETIN DES FORCES AERIENNES EN GRANDE-BRETAGNE , N°19 1945 (collection: J.P. DELMAS petit-fils du Lieutenant BENOIST responsable du service armurie, merci monsieur DELMAS pour le souvenir de nos anciens)
LE COMMANDANT HOQUETIS
Le Commandant HOQUETIS est né le 3 juillet 1908 à Bordeaux. A sa sortie de Saint-Cyr il choisit l'aviation. En février 1939, il prend le commandement de la troisième escadrille de la trente-sixième escadre de reconnaissance avec laquelle il prend part à la campagne de France, en effectuant huit missions dont quatre sur Bloch 175 dans un ciel infesté de Messerschmitt.
Le 20 juin 1940, il rejoint l'Afrique du Nord. En décembre 1940, il est affecté au commandement de l'Air en Algérie ou il reste jusqu'au 25 juin 1943, date à laquelle il prend le commandement du groupe 1/25.
Peu après , ce groupe est désigné pour constituer l'ossature du groupe TUNISIE qui doit faire mouvement vers l'Angleterre, afin de participer à l'effort britannique contre les objectifs stratégiques de l'Allemagne et des territoires occupés. Il devient, alors l'adjoint du commandant VIGOUROUX qu'il remplacera en novembre 1944 à la tête du groupe TUNISIE.
A gauche: Le Commandant HOQUETIS.
A droite: Le BEY de TUNIS.
(source: NUIT DE FEU SUR L'ALLEMAGNE - LOUIS BOURGAIN)
Navigateur et Commandant d'avion dans l'équipage dont le pilote est Henry DELAUNAY il effectue un tour d'opérations complet de trente-quatre missions. Voici comment DELAUNAY le juge dans son livre l'Araignée du soir:
"HOQUETIS est, sans doute, l'homme qui m'aura le plus étonné dans cette campagne d'Angleterre. Avec les malicieuses rondeurs, les gourmandises et l'affabilité d'un prélat, notre navigateur et commandant de bord a une autorité, d'autant plus grande, qu'elle ne doit rien à ses quatre galons. Sa bonne humeur donne confiance à tout l'équipage et, quoiqu'en vol il soit enfermé en aveugle dans son petit cabinet aux cadrans magiques, c'est sa sagesse qui nous guide la plupart du temps".
Comme commandant de groupe, son autorité était d'autant plus efficace qu'elle s'exerçait avec amabilité et discrétion.
(source: NUIT DE FEU SUR L'ALLEMAGNE Louis BOURGAIN)