AMICALE DES ANCIENS DES GROUPES LOURDS
AMICALE DES ANCIENS DES GROUPES LOURDS
LISTES DES PRESIDENTS SUCCESSIFS.
Colonel BAILLY 27 juillet 1946
Colonel VENOT 3 mars 1951
Colonel NOIROT 1er mars 1952
Colonel PUGET 28 février 1953
Général BAILLY 27 mars 1954
Général PUGET 28 février 1960
Gilbert RUELLAN 24 février 1961
Général CALMEL 21 mars 1985
Général THIRY 22 septembre 1987
HOMMAGE A GILBERT RUELLAN
ET AU GENERAL JEAN CALMEL
Gilbert RUELLAN, parce que durant de nombreuses années il assura la continuité de l'Amicale, et le Général Jean CALMEL parce qu'il sut, à partir de 1985, lui donner un nouvel essor.
Gilbert RUELLAN
Gilbert RUELLAN est né le 6 septembre 1920 à MAURON dans le MORBIHAN. A l'issue de ses études secondaires au lycée Dupuy de Lôme, il entre en classe préparatoire aux Grandes Ecoles. En septembre 1939, il s'engage pour la durée de la guerre: ce qui lui permet de choisir son arme. A l'issue de ses classes à Versailles, il est muté en formation. Après la débâcle de mai-juin 1940, il se retrouve à Chateauroux où il est démobilisé. Avec un camarade, il tente de partir pour l'Angleterre mais leur aventure se termine en bout de piste.
En 1941, grâce à un parent, Charles RUELLAN, Député des Cotes-du-Nord, il réussit à partir pour le Maroc dans les chantiers de jeunesse. Il n'y reste pas inactif. Avec Jacques HESSE, un Alsacien, et quelques camarades dont le futur Général Jacques FAURE, il prend part à l'organisation du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord de novembre 1942. Après ce débarquement, il s'engage à nouveau. Après une courte période d'entraînement il rejoint les Groupes Lourds où il devient le bombardier de l'équipage du Commandant DEMAZURE.
Commandant: DEMAZURE Navigateur, Capitaine: BOE Pilote, Sous/Lieutenant: RUELLAN Bombardier, Sous/Lieutenant: CARISTAN Mécanicien, Sergent: PLOYE Radio, Sergent: AZEMA Mitrailleur-supérieur, Sergent: BRESSON Mitrailleur-arrière.
Avec cet équipage, il effectue un tour d'opérations complet qu'il termine le 22 mars 1945. Après un court séjour à l'Etat-Major de Londres, il est démobilisé. Il entre alors aux Etablissements Debrie dont il deviendra le Directeur Général.
Très attaché aux Groupes Lourds et à son Amicale, il en devient le Président en 1961. Il le restera jusqu'au moment où une chute le rendra paralytique. Pendant cette période de plus de vingt années, il fut un des rares à vouloir maintenir la tradition des Lourds et à tout faire pour que le sacrifice de nos morts ne sombre pas dans l'oubli.
QU'IL EN SOIT ICI VIVEMENT REMERCIE.
Général Jean CALMEL
Ingénieur de l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures, Jean CALMEL fit une brillante carrière dans l'Armée de l'Air. Ma première rencontre avec lui eut lieu sur le S/S ORBITA qui, fin août 1943, emmenait le Groupe "GUYENNE" d'Alger à LIVERPOOL.
S/S ORBITA
Chaque jour, mettant à profit la lenteur de la traversée, le Commandant VENOT en charge du groupe, recevait, un à un, les membres d'équipage.Soudain, je vis sortir de son bureau un jeune Capitaine, élégant, aux cheveux frisés et au teint mat, qui confiait à qui voulait l'entendre: "Enfin! je suis reclassé pilote dans un équipage". Si je rapporte cet épisode, c'est que Jean l'a raconté lui-même dans son livre PILOTES DE NUIT, paru en 1952 à " La table ronde". Il ne put maîtriser sa joie. Excellent pilote, brillant officier, il avait le savoir et le savoir-faire, mais il aimait aussi " faire savoir". C'etait son coté "relations publiques".
Après le débarquement à LIVERPOOL, nous fûmes séparés pendant la durée des stages par spécialités. Nous nous retrouvâmes au centre de formation des équipages de LOSSIEMOUTH, par 57°42' de latitude nord. Là, durant l'hiver 1943-44, nous avons partagé le breakfast: porridge, spam, omelette à la poudre d'oeufs et l'insipide white coffee. Nous avons connu les vols dans la longue nuit, la grêle, les nuages, le froid et le givre, mais aussi la joie de sentir l'équipage toujours un peu plus soudé, un peu plus volontaire.
Capitaine: CALMEL Pilote, Lieutenant: BERRARD Navigateur, Sous/Lieutenant: PARDOEN Bombardier, Sergent: ALIX Radio, Adjudant/Chef: ROUX Mécanicien, Sergent: MECHALY Mitrailleur-supérieur, Sergent: LADET-CHASSAGNE Mitrailleur-arrière.
Madame Suzanne CALMEL dévoile la plaque commémorant le bombardement de la batterie allemande de Maisy par le groupe "GUYENNE" le 2 Juin 2009.
C'est à ELVINGTON que nous avons vécu côte à côte, notre tour d'opérations. Nous fûmes parmi les sept équipages qui eurent la chance et l'honneur d'effectuer deux missions dans la même journée (désormais historique) du 6 juin 1944: le matin, en bombardant à 3 h 23 les batteries allemandes de GRANDCAMP-MAISY et le soir, vers minuit, la gare de Saint-lô. Nous fûment de ceux qui, n'étant pas sur les ordres dans la nuit du 4 au 5 novembre 1944, attendirent en vain le retour de cinq équipages du groupe: nuit terrible où 24 camarades trouvèrent la mort. Nos carnets de vols ont enregistré pour toujours des bombardements sur les points de résistance allemands autour de Caen, Boulogne ou Calais; sur les rampes de lancement des bombes volantes du bois de Cassan, du mont Candon ou de la forêt de Nieppe; sur les vieilles connaissances du BOMBER COMMAND qu'étaient les villes d'Essen ou de Cologne; sur les aérodromes de Wenloo, Eindhoven ou Mûlheim; sur les raffineries d'essence syntétique de Sterkrade, Wanne-Eickel ou Gelsenkirchen. Tout cela sur un rytme endiablé. Ce fut notre plus belle heure.
Les retrouvailles à l'occasion d'une réunion de l'Amicale des Anciens des Groupes Lourds.
de gauche à droite:
Une invité, le Lieutenant-Colonel CALMEL, le Commandant GOEPFERT, le Commandant BOURGAIN, et le Lieutenant-Colonel NOIROT.
Jean CALMEL restera, pour le plus grand nombre, le Général de corps aérien qui, en son temps, fut major général de l'armée de l'Air. Pour ma part, je préfère garder en mémoire le souvenir du jeune Capitaine, au visage émacié dans lequel brûlaient deux yeux de flamme ardente, qui à mes cotés et avec tous les officiers présents dans la grande salle du mess des officiers d'ELVINGTON, se dressa le 23 août 1944, pour écouter la Marseillaise diffusée par la B.B.C. en l'honneur de la libération de Paris. Jamais on n'avait entendu, jamais peut-être on n'entendra, une Marseillaise plus émouvante, qui fit perler des larmes sous les yeux de jeunes hommes qui retrouvaient chaque soir l'enfer du ciel
G. PLAGNARD.
(sources; NUITS DE FEU SUR L'ALLEMAGNE, Auteur: Louis BOURGAIN, LES FOUDRES DU CIEL, Auteur: Général NOIROT.)