UN ANCIEN NOUS A QUITTES
Maurice LECAILLON
Mécanicien au sol au 346 Guyenne.
(collection: Famille LECAILLON)
Hommage des deux nièces de monsieur Maurice LECAILLON
en mémoire de leur Oncle,
décédé le 17 septembre 2017, au Canada, à l'age de 98 ans.
Maurice Camille LECAILLON son histoire.
Né le 10 décembre 1919 à Fourmies, dans le Nord de la France.
Décédé le 17 septembre 2017 dans l'Ontario, Canada.
Maurice est né à Fourmies dans le Nord de la France mais a déménagé à Paris à l'âge de neuf mois.
En tant que jeune, il a obtenu son certificat d'études et a été formé en tant que typographe.
Quand la guerre a éclaté, il a été appelé pour le service militaire. Cependant, quand la France est tombée aux mains des Allemands, il est retourné à Paris et a rejoint le mouvement français libre.
Beaucoup de Français, en particulier la police, collaboraient avec les Allemands et à ce moment-là, Maurice s'est impliqué dans la Résistance Françaises. Son frère a été capturé et envoyé à Dachau où il a été torturé et assassiné.
Maurice a été emprisonné dans le sinistre camp de Miranda de Ebro en Espagne. On ne sait pas comment il est arrivé là ou même comment il s'est échappé. C'est quelque chose que j'aimerais faire si possible.
Je joint le récit de Maurice sur une partie de son voyage après s'être échappé d'un camp de prisonniers en France. Par la suite, Maurice est devenu actif avec les Français du Groupe Guyenne 346 à Elvington, où je crois qu'il était mécanicien au sol.
C'est là qu'il a rencontré sa future épouse, notre tante, Kathleen. Notre famille a vécu à York et je crois qu'ils se sont rencontrés à une danse la-bas. Ils se sont mariés en juillet 1946 à York. Il s'est intégré dans notre famille et j'ai beaucoup de souvenirs de ces moments. Ils sont restés en Angleterre jusqu'en 1956 lorsque la famille a déménagé au Canada pour s'installer à Toronto.
Leurs deux fils, Anthony et Rick, sont allés avec eux et un autre fils, André est né au Canada. Maurice est devenu traducteur pour le gouvernement canadien et détient une reconnaissance pour ce service du Premier ministre.
Anthony et Rick sont encore au Canada avec leurs familles et André vit en Géorgie. Maurice et Kathleen se sont mariés avec bonheur pendant 57 ans. Malheureusement, elle est morte en 2003.
Maurice a maintenu des liens avec le Bomber Command au Canada en participant à leurs défilés et à leurs commémorations.
Christine Robertson, Diane Castles.
MEDAILLES MILITAIRE.
Croix de Guerre, La Médaille Militaire, La Croix des Combattants, La Médaille des Evadés, La Médaille Commémorative de la Guerre.
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Eloge funéraire de Maurice LECAILLON
Bonjour à tous. Je suis Rick, son deuxième fils. Je voudrais commencer par remercier tous ceux présents aujourd'hui.
Mon père était fervent du destin. J'ai trouvé dans ses affaires son journal. Il me doit de vous lire un passage pour que vous compreniez mieux son vécu.
" Mon nom est Maurice Camille Lecaillon. Je suis né le 10 décembre 1919 à Fourmies dans le nord de la France. J'ai deux frères dont Arthur qui fut torturé et tué à Dachau.
Quand les allemands ont envahis la France j'ai été appelé pour transporter des armes. Nous marchâmes le long des routes avec deux officiers, un en vélo et un à cheval, jusqu'à que certains tombèrent de fatigue. Nous décidâmes donc de jeter nos affaires au sol et d'arrêter de marcher.
Soudain nous réalisâmes que nos officiers avaient disparus. Ne sachant pas quoi faire nous continuâmes à marcher jusqu'au prochain village. Quand nous arrivâmes les villageois fermèrent leurs portes et fenêtre. Un homme s'approcha de nous et nous dit d'aller voir le prêtre. Nous dormîmes dans son étable et écoutâmes la radio toute la nuit. Pétain disait que la guerre était finit et de rendre les armes.
Le lendemain matin le prêtre nous réveilla et jeta nos affaires sur nous et en criant "partez je ne veux pas mourir pour vous". De nouveau nous reprîmes la route à pieds jusqu'au prochain village. Un soldat allemand nous attrapa par derrière avec son fusil et nous enferma dans une ferme. Nous fumes transférés dans un champ protégé de barbelé et de tours de gardes avec mitraillettes à chaque coins. Pas de nourriture et l'eau venait d'un puits. J'ai attrapé la dysenterie et commencé à perdre du sang. Mon choix était soit de mourir de dysenterie ou de me faire tuer en essayant de m'échapper. Un soir de tempête le garde qui surveillait les lignes de barbelés était réfugié sous une des tours de garde. Je passais sous la 1ère clôture de barbelés quand soudain le garde décida de se lever, je restai allonger au sol en attendant de mourir. Il recommença a pleuvoir et il retourna se protéger.
Je continuais à avancer jusqu'à la dernière clôture qui malheureusement était enterrée dans le sol. Il y avait une porte sur la droite, je l'ouvris et couru aussi vite que possible le long du fossé. Je courus jusqu'à l'entrée de la forêt et soudain je m'arrêta. Par instinct je tendis la main. "C'est depuis cet instant que mon père cru au destin. Il y avait un câble attaché à des boites de conserves. Le bruit aurait alerté les gardes." Nous étions deux. Nous marchâmes jusqu'à minuit. Nous étions fatigués, sans eau ni nourriture. Nous nous arrêtâmes et nous nous assîmes dos à dos. Un soldat allemand vient se soulager pas loin de nous mais ne nous vîmes pas.
Le destin.
"Après être partit, nous repartîmes. Nous marchâmes jusqu'à trouver une route ou un jeune garçon nous invita à rencontrer ses parents. Son père était responsable de la gare du village. Nous mangeâmes et bûmes, cela était bon. Nous décidâmes de prendre le prochain train pour Paris. Toujours habillé en kaki le responsable de la gare vint avec moi. Un soldat allemand me vit et commença à marcher dans ma direction. Le train de Paris arriva, je bondis à l'intérieur et courus de wagon en wagon et cacha sous un siège. Des passagers s'assirent au dessus de moi.
Le train partit et je sortis de ma cachette ce qui effraya les passagers. Ils me donnèrent à manger et à boire. Je demandai à une dame avec son fils de faire croire que nous étions mariés. En arrivant à Paris nous nous dispersèrent rapidement et un policier français sous le régime de Vichy me repéra. Il comprit tout de suite ma tactique. Je n'ai jamais couru aussi vite de toute ma vie, dans les couloirs et je réalisai que la police française coopérait avec les allemands. J'arrivai enfin chez ma mère qui tomba presque dans les pommes en me voyant."
Ceci est seulement un court passage de ce que mon père à vécu pendant la guerre.
Rick LECAILLON.